MEDays 2023 :

Polycrise, Polymonde

Polycrise, Polymonde

La pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ont accéléré la reconfiguration, jadis latente, de l’ordre mondial.

En effet, le système international actuel se caractérise par une configuration multipolaire, dans laquelle la notion de puissance est répartie entre de multiples acteurs, sans qu’un seul État ou une seule région ne domine le paysage politique mondial.

Cela a conduit à un système de gouvernance mondiale très fragmenté, avec une série d’acteurs et d’institutions qui se disputent l’influence et les ressources. Dans le même temps, le système international actuel est également traversé par une série de crises, allant de l’instabilité économique aux tensions géopolitiques, véritables freins aux efforts visant à instaurer une coopération internationale effective et une gouvernance globale efficace.

L’une des principales caractéristiques du système international actuel est la montée en puissance de multiples centres de pouvoir ; des États tels que la Chine, la Russie et l’Inde défiant la domination des États-Unis et de l’Occident. Cela a entraîné un changement fondamental dans l’équilibre des pouvoirs, l’hégémonie traditionnelle de l’Occident étant de plus en plus érodée. Dans le même temps, des acteurs non étatiques tels que les sociétés transnationales, les organisations non gouvernementales et les organisations internationales ont également acquis une importance considérable, complexifiant davantage la volonté de dessiner les contours d’une gouvernance globale efficace et inclusive.

Le système financier mondial étant hautement interdépendant et fortement sensible aux chocs multiples, l’instabilité économique est l’une des problématiques les plus pressantes auxquelles le Monde est confronté aujourd’hui. La crise de la dette en Europe, le ralentissement économique en Chine et le déclin du marché mondial de l’énergie ont tous contribué à une situation d’incertitude économique permanente, qui à son tour alimente l’instabilité politique et les troubles sociaux.

Les tensions géopolitiques, renforcées par la guerre en Ukraine et la menace d’affrontement directe entre les deux principaux blocs (Occident vs Russie-Chine-Inde), constituent un autre défi majeur auquel est confronté le système international actuel, avec une série de Nations qui se disputent les ressources et l’influence dans des régions clés telles que le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie. Les conflits en cours au Sahel, en Syrie, au Yémen et en Afghanistan, ainsi que les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, la Russie et l’Occident, et l’Inde et le Pakistan, reflètent tous le paysage géopolitique complexe et hautement volatile qui existe actuellement.

Le système international actuel est également assailli par une série de crises environnementales et sociales qui menacent la durabilité et la stabilité à long terme. Le changement climatique, les catastrophes naturelles et la crise actuelle des réfugiés sont autant d’exemples des défis complexes et interconnectés qui ne peuvent être relevés qu’à travers un multilatéralisme efficient.

Cependant, ces questions sont trop souvent très politisées ou contestées, les différents acteurs ayant des intérêts et des priorités divergents.

Ce polymonde, issu de la polycrise, a entraîné l’échec du multilatéralisme global, même si la guerre en Ukraine a sans doute renforcé des institutions régionales, telles que l’Union Européenne, ou atlantistes jadis contestées pour leur inefficacité. Cependant, cette constatation ne peut être généralisées à d’autres région. La multipolarité, ou ce polymonde, impacte fortement le Continent africain et ses différentes formes de souveraineté (politique, sécuritaire, économique, énergétique, sanitaire et alimentaire) en raison de la prolifération des guerres et des conflits par procuration, ajoutant des nouvelles crises aux crises préexistantes.

La gouvernance mondiale est aujourd’hui très fragmentée, parce qu’elle est soumise à une série de crises et de défis multiples. Pour relever ces défis et parvenir à la construction d’une gouvernance mondiale plus efficace, donc plus équilibrée, où la multipolarité doit être perçue comme un atout et non une menace, la Communauté internationale doit pouvoir développer des mécanismes de gouvernance multilatérale plus efficients et plus réactifs, respectueux de la notion de souveraineté des États et de l’expression de leurs positions indépendantes.